Je sais, ça fait un moment que je n'ai pas écrit de vrais articles ici-même et vous n'avez d'autre choix que d'accepter le mea culpa que je vous présente ici en préambule, maladroitement et à mots couverts.
C'est comme ça, et puis vous aviez qu'à participer aussi, merde...
C'est la conjonction de deux petits clics qui me fait réagir ici.
Le premier sur la newsletter d'ASI (feu "Arrêt sur Image", maintenant uniquement sur internet) qui m'a amené à lire ça:
http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=2156.
En résumé, le président facture (pour seulement 400 000 de vos euros, cela dit) à un intermédiaire des enquêtes d'opinions - qu'on appelle sondages malgré la connotation coloscopique - qui paraissent de toute façon dans les grands journaux qui la font (l'opinion) et qui nécessairement paient aussi.
Déjà en soi, c'est énorme comme gaspillage de notre argent et peu sont apparament les médias qui soulignent cette évidence pourtant présentée à nos oeillères par le rapport récent de la Cour de Comptes de Mr. Seguin (pas celui de la chèvre, l'autre, mèèèèhhhh...)
Ensuite, comme de par hasard s'il existe, la curiosité m'a poussée à cliquer sur un article relayé par ma source d'information quasi unique (le réseau mondial, la toile, et toute ces jolies images orwelliennes), intitulé
l’opinion publique n’existe pas C'est, il semble, un apprenti journaliste qui commet ça, et on y trouve des perles dont la naïveté biaisée traduit (malgré elle?) une vérité troublante. Morceaux choisis:
l’instrumentalisation de l’opinion, en soi, n’est pas un scoop. Et la connivence d’une certaine presse avec le pouvoir, ne date pas d’hier
Pourquoi tant d'hypocrisie? Le système est ainsi fait, il n'y a donc pas lieu de parler de manipulation de sondages
Les instituts de sondages sont, pour la plupart, détenus par les patrons de presse qui sont plus ou moins de mèche avec le pouvoir. Nous n’allons pas ici recenser les instituts de sondages qui appartiennent aux mêmes groupes de presse qui publient leurs résultats. Un exemple notoire: L’IFOP (Institut français de l’opinion publique) n’est ni plus ni moins la propriété de Laurence Parisot. La présidente du MEDEF (syndicat des patrons de France) a sa vision de la société - pour le moins libre-échangiste - et, naturellement, se rapprocher du pouvoir et contrôler un organe de fabrication de l’opinion publique: c’est un cas d’école.
Là, c'est même plus des morceaux choisis, c'est quasiment l'intégralité du début de l'article que je cite. Je fais une pause pour souligner que bon, voilà, selon l'auteur, si vous saviez pas tout ça, vous êtes bien des imbéciles et en plus y a pas de raison de s'offusquer puisque ça fait longtemps que c'est comme ça et que si ça vous à échappé c'est bien que vous êtes complices par ignorance.
Suit une douce et lente désinformation (ni allitération ni consonance, mais ça me fait quand même penser à "défécation" -- "feels me with the urge to..." pour les initiés) qui consiste à nous faire croire que c'est le président qui a "sommé" la Cour des Comptes de faire un rapport, alors que de un c'est un peu pour ça qu'elle existe et que de deux, ça faisait parti des promesses du petit homme (rappelée avec lourdeur et insistance en préambule du
rapport en question, histoire de se couvrir) qui pour une fois que quelqu'un les tient à sa place doit s'en mordre les dents.
Pardonnez-moi (oui, c'est un ordre!) l'apparté longuet.
Poursuivons:
Les sondeurs opèrent de la même façon que les médias, mais, avec plus d’efficacité. "La sélection des infos à laquelle ils procèdent, attirent l’attention du public sur certains termes plutôt que d’autres. Leur influence ne consiste donc pas à dire aux gens ce qu’ils doivent penser, mais ce à quoi ils doivent penser (…)"
Les instituts de sondages agissent de la même sorte: un sondage, a fortiori non représentatif, est biaisé d’avance. Les sujets choisis, les tournures de questions, les réponses à choix multiple proposées influencent considérablement les résultats.
Encore une fois, je me rends compte que je ne cite pas tant que je recopie mot à mot. l'auteur nous indique donc que voilà, les sondages ça ne sert à rien, sinon à forger l'opinion, au cas où vous n'auriez pas compris. Je ne peux m'empêcher d'intersticer ici un petite citation de mon politologue favori: "pour ceux qu'on fait du latin, ça veut dire l'anus pour les autres, c'est le trou du cul" (merci, Michel). C'était pas indispensable, mais ça apporte une petite dose de la seule chose qui manque (cruellement) à l'article ci-dessus reproduit, l'humour...
Une couche supplémentaire:
Donc, à l’instar des médias, les sondeurs "ont tendance à renforcer les convictions préexistants des récepteurs mais ils ont également la capacité de provoquer des déplacements de vote"
Grâce à la personne qui m'est la plus chère, j'ai, sur la porte de mon lieu d'aisance, une reproduction d'une affiche de juin 1968 sur laquelle on voit un troupeau de moutons stylisé. Le texte dit simplement: "Retour à la normale..."
(ah ben tiens, ça aussi on le trouve sur le réseau. Du coup, comme il faut bien attirer l'oeil, je vous le met en tête de cet article...)
Bon été à vous tous!